EuroAPI: une chute vertigineuse en bourse, action à – 42 %


EuroAPI, le fabricant français de principes actifs pharmaceutiques et ancienne filiale de Sanofi, a subi un revers majeur en bourse, illustrant les turbulences rencontrées par l’industrie pharmaceutique dans un contexte économique et stratégique complexe. Ce jeudi (01/03/2024), la valeur de l’action d’Euroapi a connu une chute vertigineuse de plus de 40%, clôturant à la Bourse de Paris avec une dépréciation de 42,88%. Cette baisse spectaculaire porte la valorisation de l’entreprise à seulement 371 millions d’euros, signalant une profonde désillusion des investisseurs face aux performances de l’entreprise et à ses perspectives d’avenir.

La déception des investisseurs trouve sa source dans l’annonce d’une perte nette considérable pour l’année 2023, s’élevant à près de 190 millions d’euros, contre une perte de seulement 5 millions en 2022. Cette détérioration financière est principalement attribuée à une dépréciation de 226,4 millions d’euros, résultant de la revue stratégique de l’entreprise. Les analystes financiers, comme ceux d’Oddo BHF, ont pointé du doigt des résultats annuels inférieurs aux attentes et exprimé des inquiétudes quant aux perspectives pour 2024, jugées peu encourageantes.

Le parcours d’Euroapi depuis sa cotation en bourse en mai 2022 à 12 euros l’action, suite à sa scission de Sanofi, avait initialement suscité un optimisme prudent, l’action atteignant plus de 18 euros en octobre 2022. Cependant, l’entreprise a rapidement fait face à la méfiance des investisseurs, exacerbée par des avertissements sur ses résultats fin 2022 et par des résultats annuels décevants en mars 2023, entraînant une chute significative de son cours de bourse.

Face à ces défis, 2024 est envisagé comme une « année de transition » pour Euroapi, avec une concentration sur la gestion de la trésorerie et la mise en œuvre d’un plan de transformation ambitieux. Ce plan, baptisé Focus 27, vise à recentrer l’entreprise sur des segments de marché à forte valeur ajoutée, tels que la vitamine B12, les prostaglandines, les peptides, et les oligonucléotides, tout en cessant la production de 13 principes actifs jugés moins rentables. Cette stratégie pourrait impliquer des conséquences significatives pour les employés et nécessiter d’importants investissements industriels, estimés entre 350 et 400 millions d’euros pour la période 2024-2027.

La direction d’Euroapi, sous la houlette de Viviane Monges, présidente du conseil d’administration, et de Ludwig de Mot, récemment promu directeur général, s’efforce de naviguer à travers ces eaux tumultueuses. L’entreprise cherche à améliorer sa trésorerie, à renégocier les conditions de ses contrats avec Sanofi et à se préparer pour un avenir où l’innovation et l’efficacité opérationnelle seront primordiales.

Cette récente chute en bourse n’est pas un phénomène isolé pour Euroapi, qui avait déjà connu des moments difficiles fin 2022, illustrant les défis persistants auxquels l’entreprise est confrontée. Les investisseurs, ainsi que l’ensemble de l’industrie, observeront attentivement la capacité d’Euroapi à se réinventer et à surmonter les obstacles actuels. La réussite de sa stratégie de transformation pourrait non seulement redéfinir son avenir mais aussi servir de cas d’étude pour d’autres entreprises du secteur pharmaceutique confrontées à des défis similaires.

Investissements stratégiques dans les usines françaises et européennes

EuroAPI a récemment intensifié ses efforts d’investissement dans ses sites industriels, notamment en France, où les usines d’Elbeuf et de Vertolaye bénéficient de projets significatifs. À Elbeuf, l’installation d’une chaufferie à biomasse et l’expansion des capacités de production de vitamine B12 sont en cours, faisant de ce site le seul de ce type en Europe. Vertolaye profite d’investissements visant à relocaliser la production de médicaments essentiels. En outre, des projets industriels sont également en développement à Budapest, Hongrie, pour les prostaglandines, ainsi qu’à Francfort, Allemagne, pour les peptides et oligonucléotides. Jusqu’à fin 2023, EuroAPI a injecté 129 millions d’euros dans ces initiatives, avec un plan d’investissement prévoyant une enveloppe totale de 350 à 400 millions d’euros entre 2024 et 2027.

Restructuration des effectifs et rationalisation industrielle

Parallèlement à ces investissements, EuroAPI entreprend une restructuration significative de son effectif de plus de 3400 salariés. Cette restructuration affectera toutes les fonctions, y compris les opérations industrielles, la qualité, la R&D et les fonctions de support. Les détails de cette restructuration seront bientôt présentés aux partenaires sociaux. Bien que la direction ait assuré qu’il n’y aurait «pas d’impact sur les effectifs, ni plan de départ» pour les sites français d’Elbeuf et de Vertolaye, la situation demeure incertaine pour le siège parisien du groupe.

Défis pour les sites d’Haverhill et de Brindisi

EuroAPI est également confrontée à des défis spécifiques dans ses usines d’Haverhill, au Royaume-Uni, et de Brindisi, en Italie, toutes deux menacées de cession. La baisse des commandes de Sanofi a particulièrement touché l’usine d’Haverhill, presque exclusivement dédiée à un seul produit, avec une production annuelle qui serait passée de 450 à seulement 150 tonnes. L’usine de Brindisi, quant à elle, est critiquée pour se concentrer sur des produits et des installations vieillissants, suscitant des inquiétudes quant à la possibilité de trouver un repreneur. En Allemagne, l’usine de Francfort connaîtra un redimensionnement de ses capacités de chimie complexe, avec la mise en pause de deux ateliers de production.

En pleine restructuration et face à une tempête financière, EuroAPI démontre un engagement envers l’innovation et la durabilité, tout en naviguant dans les eaux troubles de la restructuration industrielle et des défis opérationnels. La manière dont l’entreprise gère ces transitions sera cruciale pour son avenir dans l’industrie pharmaceutique.

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